mercredi 4 février 2009

Jour 125 – 1er février

Le vent a baissé et je peux donner une deuxième couche de peinture sur le pont, pas l’idéal de peinturer avec des pointes à 19 noeuds de vent...j’ai intérêt à ne pas trop bourrer le pinceau sinon le reste du bateau aura un air plutôt artistique. Puis à un moment le vent vient de côté... bizarre, le bateau ne se replace pas dans la direction du vent, puis la corde d’ancre est molle... « Audrée, viens, je crois qu’on a un problème! ». Effectivement plus d’ancre au bout de la corde, on dérive vers le trimaran Galéode, le moteur part rapidement mais étouffe dès que je lui demande d’avancer... oui oui je sais, il faut faire réchauffer un peu le moteur, sauf que le tri est à 30 pieds et on dérive vers lui! Heureusement le contrôle du moteur à un levier pour faire révolutionner le moteur au neutre, un bon coup par en haut pour le faire ronronner puis retour en bas pour permettre d’embrayer de l’avant pendant que le moteur tourne toujours assez vite pour ne pas caler... oufff, on évite la collision, par chance pour Haboob mais surtout pour Galéode, ils sont partis en ville et je n’aurais pas aimé leur faire une surprise. Il faut donc installer une nouvelle ancre, ce qui ne serait normalement pas bien compliqué. Mais avec une moitiée de bateau fraîchement peint et le bac à peinture renversé par mon pied maintenant peint, en plus des mains, veuillez m’excuser si la manoeuvre manque d’élégance. Notons que Southern Cross est rapidement venu en dinghy pour offrir son aide. Bon... En quel honneur le cablot s’est-t-il rompu? Je trouverai bien réponse en dessous de l’eau, je dois y aller pour récupérer mon ancre. Réponse : un hors-bord a été largué au fond et la corde s’y est pris en changeant de direction ce matin, avoir eu environ 9 pouces de plus de chaîne et rien n’aurait usé. Toute qu’une malchance mais énormément atténuée par le fait que j’étais à ce moment sur le pont, de nuit on aurait rien remarqué jusqu’à un impact avec un bateau ou le mur de roche. Puis comme si ce n’était pas suffisant, plus tard dans la journée c’est le dinghy qui décide de partir à l’aventure, « Galéode, Galéode, ici Haboob, Répondez. – Ici Galéode – Peux tu mettre ton dinghy à l’eau pour aller chercher le mien? ». Pendant ce temps le capitaine de Southern Cross prend une bière au deuxième étage de la marina, voit le dinghy partir, va rejoindre son dinghy et on le voit arriver à toute vitesse en même temps que Galéode. « It’s not your day! », ce gars là est toujours présent et disponible quand j’ai des pépins, si je le revois dans un mouillage je m’ancre à côté automatiquement!

Jour 124 – 31 janvier

5 heures AM, le front froid arrive et se fait remarquer, en quelques secondes le vent forci à 25-30 noeuds en changeant de direction et en amenant une courte pluie intense. Heureusement que le spectacle nous réveille car l’ancre chasse et on dérive rapidement avant que l’ancre trouve une petite prise au fond, aux côtés du voilier Southern Cross. On se réancre sans problème malgré la noirceur. C’est la première fois que ça nous fait le coup depuis le départ mais c’est assez explicable. Lorsque l’on a mouillé l’ancre, elle s’est enfoncée dans la direction contraire au vent de ce matin, puis celui-ci a changé tranquillement de direction mais sans être assez fort pour faire pivoter l’ancre tranquillement, c’est donc d’un coup sec à l’arrivée du front qu’elle doit faire un 180 degrés... Dans notre petit trou on est bien protégé mais on voit les gros bateaux se faire joyeusement brasser, personne ne sort, ils ne pourraient pas faire 100 pieds en dinghy sans être trempés.

Jour 123 – 30 janvier

C’est bien beau les vacances mais on a des projets qui trainent de la patte depuis trop longtemps, comme de repeinturer le pont que je voulais faire en Floride. Alors on s’atèle à la tâche; frotter à la brosse d’acier, puis laver au comet, gros rincage à l’eau salée puis à l’eau douce, peinture puis pose d’antidérapant... sur une moitié du bateau! Il faut se garder de l’espace pour bouger si besoin. Baignade de l’autre côté du port car il y a de vraies plages, aujourd’hui c’est Plénitude et Elija que l’on retrouve.

Jour 122 – 29 janvier

Rien de bien particulier pour aujourd’hui, de la cuisine et des réparations de gelcoat . On revoit aussi quelques bateaux que l’on avait perdu de vue, Cathare et Galéode, en plus d’Oliver Plunkett croisé hier. Côté cuisine on a trouvé la solution aux pizza dans un four à l’alcool (qui chauffe que du dessous), le résultat est à si méprendre avec un four traditionnel.






Jour 121 – 28 janvier

Hier j’ai croisé un type sur le quai qui s’est intéréssé au dinghy et nous a invité à visiter son bateau, ce que l’on s’empresse de faire aujourd’hui. Pourquoi si motivé de voir un autre bateau? Peut-être parce que le type avait de beaux yeux, ou peut-être parce que c’est un schooner de 1928 batît pour courser? Nina de son petit nom, elle a gagné la course New York to Spain puis a été le premier bateau américain à remporter la Fastnet dès sa première année à l’eau. Évidemment tout en bois et en état exeptionnel pour son âge, j’y passerais des heures à inspecter les recoins, David et l’équipage sont très sympatiques mais on ne les dérangera pas trop longtemps, ils sont à faire les préparatifs pour partir sous peu. Souper sur Argo, Mona, ton spag est exellent.

Jour 120 – 27 janvier

Visite de la ville, qui est en fait plutôt un village avec 700 habitants, mais c’est tout de même la capitale des Exumas. Bonne nouvelle, les épiceries sont étonnament complètes et moins chers que dans les petites îles. Somme toute c’est un village banal, la seule raison pourquoi tant de bateaux s’y rassemble est son immense port ou tous peuvent trouver un moyen de se protéger, bien que ça implique de changer d’ancrage à l’occasion selon la direction du vent (mais pas nous car on est trop bien situé!).

Jour 119 – 26 janvier

Pas le droit de débarquer à terre ici puisque l’île appartient à un centre de recherche, de toute façon on ne comptait pas s’y arrêter alors on relève l’ancre en vue d’atteindre Georgetown, par contre le vent n’a pas baissé et tout le monde reste au mouillage car ici aussi il y a une passe du même genre qu’à Darby. Cette fois on change de cap avant d’entrer dans la passe mouvementée, je ne veux pas nous remettre dans la même situation qu’hier. Nous allons plutôt faire un détour pour passer par Rat Cay qui, on l’espère, nous permettera de finalement prendre la mer. La passe est différente car plutôt que de faire face à la mer, l’étroit passage de 300 pieds nous y fait entrer de côté. Le hic c’est qu’on ne peut pas voir l’état de celle-ci avant d’en être sortie, et vu l’étroitesse du passage ce n’est pas vraiment possible de faire demi-tour sans sortir complètement si les conditions s’avèrent trop mouvementées. On fonce donc vers la mer, le moteur à fond et le foc hisser, de sorte que si le moteur étouffe on est déjà voilé pour ne pas dériver (Le moteur nous à lâcher qu’une fois en 4 mois, mais qui dit qu’en repoussant les angles de gîtes il voudra continuer à coopérer ?). Finalement sortit ! Et c’est relativement confortable, les vagues ne sont pas gonflées par un courant contraire et on peut remonter celle-ci avec un angle plutôt que les prendre de face. Le trajet de quatre heures se fait bien mais est assez incomfortable, des trucs qui n’étaient jamais tombés se retrouvent au fond de la cabine, comme le contenu du four, la lampe à l’huile qui coule pour agrémenter l’ambiance d’une effluve de kérosène, puis la toilette qui chavire deux fois (heureusement vide !). Bien content d’arriver, et super content d’avoir un faible tirant d’eau qui nous permet de se placer dans une minuscule baie ou seulement quelques bateaux peuvent mouiller en face de la ville, alors que les 200 autres doivent être à un mille d’ici. Il faut bien fêter notre arrivée à cette ville stratégique, pas de demi-mesure, ce sera des frites maison et humburgers d’une demi-livre pour souper.

Jour 118 – 25 janvier

Dernière étape pour se rendre à Georgetown, là ou jusqu’à 400 bateaux se rassemblent, destination finale pour certains, point de départ pour d’autres pays pour quelques uns et chalet flottant pour d’autres. Le trajet s’annonce venteux mais correcte, avec environ 20 noeuds qui viennent du large, la route est donc tracée au GPS, les bidons attachés et l’ancre levée. À peine sortie de l’ancrage on a cependant droit à une surprise de taille, le courant de marée fait face au vent qui lui pousse les vagues créées au large dans le petit trou entre les îles. Pas jolie, je me dis que c’est un bout dure à passer et de l’autre côté on sera bien, mais plus on avance plus les vagues sont grosses, rapprochées et désorganisées, en plus de déferler de temps en temps. Difficile de donner une mesure des vagues, de toute façon c’est comme les histoires de pêche, ça varie d’une personne à l’autre. Par contre il est facile de mon point de vue de voir le génois, roulé en boule sur le pont, disparaître dans l’eau... et aussi entendre Audrée de l’intérieur me dire que l’eau entre par l’écoutille au-dessus de mon lit. Bon ça brasse mais le mouvement comme tel serait endurable jusqu’à sortir d’ici, par contre si le moteur viendrait à cesser de fonctionner, il serait probablement impossible de reprendre le contrôle du bateau avant de dériver dans les roches, puis je ne sais pas comment le bateau réagirait si on vient à prendre une vague de côté au moment ou celle-ci déferle, je suis assez incertain de la réponse pour ne pas avoir envie de la découvrir. Demi-tour et retour à l’ancrage. Un peu plus tard on repart mais sous la protection des îles pour se rendre jusqu’à Lee Stocking Island.

Jour 117 – 24 janvier

Hier malgré mes quatre aller-retour au chantier je n’ai pas trouver le responsable à qui j’ai parlé des éoliennes. Dès qu’il se pointe sur le quai je saute dans le dinghy pour aller chercher des nouvelles : « I’ve got the email, you can take what you want »! Super! Quoique... déception en examinant le butin, ce sont trois éoliennes qui produisent 48 volts et non 12. Elles sont en bon état malgré la saleté et les araignées dessus, il y a même trois élices de rechange, on amène le tout en espérant pouvoir modifier le voltage. Puis au pire, ça se ramassera sur eBay! En après-midi nous suivons un ancien sentier qui mène à une grande salle sous-terraine ou était installé du bétail il y a longtemps, possiblement le garde-manger du manoir pas bien loin.

Jour 116 – 23 janvier

Toujours bien abrité dans notre trou à ouragan, tout irait bien si ce n’était pas d’un coq mongol. Celui-là ne se contente pas de faire un cri de la mort au levé du soleil, mais c’est plutôt vingt de suite, avant même que le soleil soit levé. Puis le reste de la journée, il passe des heures à crier aux deux minutes, jusqu’à la fin de son quart ou il célèbre le coucher du soleil... en criant. À l’extérieur de l’île il y a trop de vagues pour aller pêcher en dinghy. À défaut de trouver du poisson, je slingnerais bien de l’oiseau (sling = lance pour pêche sous-marine). Autrement on trouve une autre maison abandonnée sur le haut d’une colline, pourtant en bon état... pas mal de trucs au bahamas semblent abandonnés, plein de projets qui n’ont pas ou peu vu le jour.