samedi 11 octobre 2008

Jour 12 – 11 octobre

Départ tardif afin de profiter du courant de la Hudson qui nous porte à 7 noeuds. On ne veut pas faire une grosse étape aujourd’hui pour ne pas arriver dans le port de New York de noirceur. Journée ensoleillée ou tous les bateaux se sont donnés rendez-vous sur la rivière. Sans incident jusqu’à la toute fin, à moins d’un mile de notre endroit pour ancrer un bateau de police nous intercepte pour inspection de routine, ils regardent la toilette et les équipements de sécurité en plus de nos papiers. Tout est en règle, sauf que pendant la vérification des passports on reçoit de bonne vague de travers qui font frapper les deux bateaux l’un contre l’autre. Leur bateau étant évidement plus lourd, c'est mon chandelier qui à crochi... un autre truc à réparer.

Jour 11- 10 octobre

Réveil plutôt tardif pour se rendre à la marina de Catskill en dinghy afin de se procurer du fibre de verre pour réparer celui-ci. Le reste de la journée se passe sans histoire et on déboule les milles jusqu’à Poughkeepsie au quai publique. Après les conseils d’un vieux marin du coin (un accent grec et une trachéo, bon exercice pour comprendre l’anglais!), nous décidons d’aller jeter l’ancre plus loin. L’endroit semble en effet peu recommandable de par sa fréquentation. Deux trains passent régulièrement de chaque côté de la rivière, la nuit promet d’être quelque chose!

Jour 10 – 9 octobre

Il fait beau ce matin et on va vers la dernière écluse du trajet, celle de Troy. Comme les 11 autres écluses ont des amares que l’on attrape, on présume que ce sera pareil, et bien non, en entrant on constate qu’il n’y a que des poteaux verticaux trop espacés pour en prendre deux. Rapidement Audrée prend une amare pour l’enfiler autour du poteau mais avant de pouvoir ramener le point de tire au centre du bateau, l’arrière se met en travers. Tout au long de l’éclusage le bateau tourne tranquillement sur lui-même et on n’a pas d’autre choix que de sortir en marche arrière! Encore heureux que personne n’a assisté au spectacle à part l’éclusier! En après-midi, on cherche un endroit ou remâter, lorsqu’on aperçoit un ancien phare avec un quai au milieu de la rivière... parfait comme endroit. On commence les préparatifs pour remonter le mât et tout est tranquille comme à l’habitude. Pendant sa remontée, on subit les premières vagues de bateaux à moteur et on s’accroche au mât pour empêcher qu’il oscille de côté, malgré l’immense écriteau « NO WAKE PLEASE ». Tant bien que mal le mât se retrouve à la verticale, mais avant d’avoir pu resserrer le gréement, un gros cruiser passe tout près sans ralentir. J’essai de limiter les mouvements du mât pendant qu’Audrée doit s’asseoir sur le quai pour ne pas en être éjectée. Pendant ce temps, je vois le dinghy tout neuf frapper violamment contre le quai malgré ses trois défenses qui sont projetées dans tous les sens. Résultats : Un morceau de bois du dinghy s’est cassé et la peinture n’est plus neuve. Encore en train d’inspecter les dommages qu’un autre immense cuiser passe à plein gaz. La vague qui nous frappera est déjà formée, alors aussi bien lui envoyer un sincère doigt d’honneur. Voyant que ce qui s’en vient est encore plus gros, Audrée saute à bord du voilier pendant que j’attrape le dinghy pour espérer minimiser les futurs dommages. La force de la vague est telle que le flot d’eau passe par dessus le quai, le bateau et celui-ci gîtent fortement en disharmonie. Le problème est que je me tenais au voilier et au moment ou l’espace entre les deux s’est ouvert, mon équilibre était assez précaire pour me donner une bonne frousse, j’aurais pas voulu être entre les deux lorsque l’espace se referme! Pour le restant des remous ça va, j’ai une bonne prise sur le taquet du quai, par contre c’est un peu inquiétant de voir les deux embarcations frapper le quai pendant que le mât à peine haubanné se fait brasser d’un bord et de l’autre. Par chance que la situation ne s’est pas présentée 15 minutes plus tôt pendant que l’ont montait le mât car je parierais gros qu’il serait maintenant à l’eau. Nous repartons en vitesse de cette place maudite! Catskill est proche, on y met l’ancre et termine cette journée. Fait intéressant : un voilier de 42 pieds du Québec est échoué de l’autre bord de la rivière. Nous en profitons pour aller en dinghy rassasier notre curiosité et jaser avec eux, tout va bien et ils attendent la marée pour pouvoir repartir.

Jour 9 – 8 octobre

Réveil matinal, un coup d’oeil au thermomètre indique 1.6 degré, la température est la même dehors qu’en dedans, sauf que l’intérieur est plus humide! On se lève tout de même rapidement pour poursuivre la série d’écluses. Déjà que la brume était dense, vers 9h elle devient tellement opaque qu’on a du mal à distinguer les berges du canal, pour les bouées on espère tomber dessus au hasard. Tant qu’a continuer au ralenti, aussi bien retourner dans le sleeping bag le temps que ça passe. Une heure plus tard c’est reparti pour de bon, on enchaîne les écluses comme des pros. En fin d’après-midi on se fait klaxonner au passage et les occupants d’un petit bateau à moteur nous demande d’aller les voir, ils sont en panne de moteur. Leur bateau attaché à l’arrière de Haboob!, on continue notre route et les laissons à la prochaine marina. Pour le reste de la journée on écluse avec Debonnair II et un autre voilier de Montréal jusqu’au quai publique de Waterford. Petite épicerie juste à côté et dodo tôt.

Jour 8 – 7 octobre

Wow, minuit on ne peut absolument pas dormir avec l’alarme digne de la guerre froide qui sonne à deux reprises, aucune idée de la raison mais c’est intense comme alarme! Pour la première fois, on se permet de faire la grasse matinée, c’est-a-dire 9h30, et on rencontre l’équipage du voilier entrevu la veille. Debonair II à a son bord une jeune famille qui va effectivement passer l’hiver au Bahamas. Yéé des amis! On en profite pour faire un tour de ville et prendre une douche froide pour moi et chaude pour Audrée au centre municipal à deux pas du quai! Les gens de Whitehall sont vraiment trop sympathiques, tout le monde nous parlent au passage et après 30 secondes de marche avec les gallons d’essence, un type nous offre un lift vers le voilier! Définitivement acceuillant comme endroit. Départ à 13h50 pour la suite des écluses, pour la première fois depuis le départ il fait CHAUD (15 degrés) et le canal Champlain est comme un miroir. Petit problème cependant, les écluses ne ferment pas à 22h30 comme on croyait mais à 17h00 alors on doit attendre en amont de l’écluse 8.

Jour 7 – 6 octobre

Départ matinal en douce de Burlington, ni vu ni connu! On termine le lac Champlain par une température vraiment frette, mouilleuse et venteuse. Malgré mes 13 morceaux de vêtements je grelotte fréquemment et on est bien content de s’arrêter dans une marina pour faire le plein d’essence. On peut entâmer la rivière Hudson ou l’on est déjà beaucoup mieux. C’est surprenant à quel point le cour d’eau est petit et on a plus l’impression qu’un canot y serait à sa place dans ce décor marécageux. On pousse encore l’étape pour finir à la noirceur et franchir la premiere écluse à 19h alors que l’éclusier s’apprêtait à rentrer chez lui, drôle de personnage! On s’amarre à Whitehall au quai public ou l’on aperçoit un autre voilier démâté qui vient de Montréal, fait-t-il le même trajet?

Jour 6 - 5 octobre

Avant de partir pour les douanes on doit poser le nom du bateau au bout du quai, ce qui aura l’appelation « job-de-boutte-de-quai » (le nom n’est pas tout a fait centré!). Au départ, j’ai négligé de faire chauffer le moteur (y fait frette faut dire!) et celui-ci cale plusieurs fois avant de se remettre à la tâche. On arrive rapidement aux douanes sur un tout nouveau quai installé exclusivement pour les douaniers, l’opération se déroule sans problème et on repart vers le lac Champlain. Tout le monde remonte pour entreposer et on est seul à faire route vers le sud. Après 13 heures à moteur, on arrive à Burlington, un couple en dériveur nous indique un quai publique et on y va aussitôt, sauf qu’après vérification il n’est pas vraiment publique, mais les agents de sécurité de la place nous disent bien que le « harbor master » n’arrivera qu’à 8h00 demain et qu’il n’y a personne pour se rendre compte qu’on est là! Aussi bien rester et comme on a franchi la frontière aujourd’hui on en profite pour souper au resto du centre-ville de Burlington.

Jour 5 - 4 octobre

On est prêt pour 8h30 dès l’ouverture des écluses mais ce n’est qu’à 10h00 qu’on pourra débuter le trajet. Les premières écluses se franchissent avec la compagnie de la mère d’Audrée, tante Noella et Marie-Pommette qui nous ravitaille en chocolat! Comme mon équipière est une ancienne éclusière du canal, tout le monde y est particulièrement sympathique et Gilles de l’écluse 8 nous prépare même un sandwich&chips pour diner! On partage nos éclusages avec un cruiser mené par Paul et sa conjointe, au fil des conversations celui-ci nous offre d’utiliser son quai personnel situé au niveau de l’Île-aux-Noix, l’offre est évidamment acceptée! Un peu de shopping à la marina car on doit se trouver des drapeaux jaune & USA pour passer les douanes demain... retour bredouille, en route on achète un chamois jaune qui pourra être converti en drapeau au besoin! Paul s’informe si on a tout trouvé, et 30 secondes plus tard il sort de sa maison avec un drapeau USA flambant neuf qu’il nous laisse, trop gentil!

Jour 4 - 3 octobre

Journée principalement consacrée au ravitaillement et lavage, côté navigation le voilier n’aura fait que 1.5 mile pour traverser le bassin jusqu’au quai d’attente des écluses. En soirée on sort au pub Bedondaine ou les amis d’Audrée ont rendez-vous pour lui souhaiter bon voyage. Dodo dans le bassin, car si les éclusiers permettent de squatter le quai de jour, il faudrait payer pour la nuit?!

Jour 3 - 2 octobre

Départ frileux au lever du soleil pour Sorel, dès l’entrée dans le Richelieu on voit un quai désert alors on en profite pour démâter avec un paquet de courroies qui forment un haubanage pivotant et permet de faire le boulot sans grue, et sans frais! C’est jolie le Richelieu et moins frais que sur le Saint-Laurent, on avance bien et décidons de pousser l’étape jusqu’à l’entré du bassin de Chambly après l’écluse de St-ours. On arrive a 20h30 et on se les gèle sérieusement! Si on a étiré autant l’étape c’est pour profiter d’une douche et lit chaud chez tante Noella (très gentille la tante à Audrée, merci!)

Jour 2 - 1er octobre

Départ matinal mais on aurait dû dormir plus longtemps car le courant est encore trop fort contre nous, ça progresse à moins de 2 noeuds... booouuh. Avec les heures qui passent la vitesse augmente et on fini par sortir des rapides Richelieu. On s’engage pour la traversée du lac St-Pierre dans la pluie et tout se passe bien malgré le froid, sauf lorsque j’aperçois un paquebot par le hublot pendant que Audrée est à la barre : « tu l’as vu celui-là? » « Heuuu, non! »... quelques coup de klaxons et on cède le passage, faudra songer a regarder un peu plus souvent en arrière! On va excuser l’inattention par le rhume qu’elle a elle aussi attrapée. Mouillage vers la fin du lac, c’est tranquille mais un peu près du chenal ce qui brasse quand les bateaux passent.

Jour 1 - 30 septembre

Départ vers 7h00 de la marina de la Chaudière, pas l’heure idéale car la marée est déjà montante depuis plusieurs heures mais coudonc, faut bien dormir aussi. En matinée, le bateau avance bien avec le courant aidant et on vogue vers le sud à 8 noeuds, même le vent adonne et les voiles sont sorties. Arrive les rapides Richelieu qu’on doit négocier au début du contre-courant... ça va, et j’en profite pour faire une petite sieste pendant que Audrée est à la barre, jusqu’à ce que je glisse au fond de la cabine à cause d’une mauvaise vague. Le vent est trop instable alors on affale la grand-voile, de toute façon le moteur n’a pas de mal a pousser le voilier à sa vitesse de coque... Du moins jusqu’à ce que l’écoute du génois s’y prenne, super! Première journée et on a peu-être déjà brisé quelque chose! Un regard au GPS nous indique qu’il y a un haut-fond tout juste à côté... en plus du beau vent arrière qui empêche de hisser la grand-voile pour reprendre le contrôle! Par chance le bateau pivote et on peut manoeuvrer de nouveau, Audrée reprend donc la barre pendant que je me suspend au tableau arrière pour voir les dégats et là je suis étonné, le moteur a simplement étouffé et tout est intact, même l’écoute! On peut reprendre notre route. Cinq minutes plus tard, je perd ma sandale Croc a l’eau, on la récupère sans trop de mal, réveil plutôt mouvementé tout de même! Vers 17h on croise la marina Deschaillon-sur-Saint-Laurent, la carte papier indique « public » alors on va inspecter les lieux après l’accostage le plus manqué que j’aurais pu faire, ça adonne bien qu’il n’y ait personne pour voir, ni pour nous charger la nuit au quai, la marina est fermée! Petite balade au village pour voir... rien, retour au bateau finalement par un raccourci dans le bois. Je commence un rhume...

Veille du départ- 29 septembre 2008

Bon bien pas de retour en arrière, Audrée est arrivée alors que je tentais de ranger mes bagages. Après un diner en compagnie de sa mère et sa tante, on doit s’attaquer à la tâche d’entrer la totalité des bagages dans la cabine du petit 26’... Épicerie de 330$, vêtements pour les 4 saisons, dinghy, moteur hors-bord, installer les nouveaux coussins, etc. A première vue la situation semble désespérée mais on fini par trouver une place a presque tout, le reste se fera en cour de route...

Le voilier

Un Chrysler de 26’ 1977, c’est le modèle dériveur lesté qui tire 2’2’’ dérive relevée et 6’ au plus bas. Côté motorisation, c’est un hors-bord Yamaha de 10hp tout neuf qui va nous pousser le long de l’intracoastal. Côté voile, j’ai à bord une grand-voile et un génois d’origine, un tout petit foc usé, un foc neuf et un foc de trimaran fesant office de génois supplémentaire. Au cour des deux hivers passés le bateau a subit plusieurs travaux; nouveau plancher, re-coulage du lest, remplacement du puit de dérive, renfort coque-pont au niveau de tout le gréement dormant. Une fois la base solide, un coin cuisine comprenant cuisinière à l’alcool, un évier avec réservoir d’eau douce, une pompe d’eau extérieure et une glacière a été ajouté. Au niveau sanitaire une simple toilette chimique fait le boulot. Sur le pont est présent un dinghy en contre-plaqué de 7’ et son moteur 2.5hp. Au total, c’est pas le grand luxe mais c’est parfait pour voyager selon mes goûts et moyens!