jeudi 30 avril 2009

Jour 213 – 29 avril

Traversée du Albemarle Sound qui est un plan d’eau complètement gâché par les crab pots posés au hazard par les pêcheurs, si certain sont facile à repérer en étant par exemple orange, il y a bien plus de bleu foncé ou blanc-plein-d’algues qu’on ne voit qu’à la dernière seconde quand il y a du clapot. On trouve bien surprenant que personne ne fait du ménage dans tout ça, au moins couper les nombreux cordages qui sont installés au milieu des chenaux ! On se rend à Elizabeth City qui sont fidèles à leur réputation de ville la plus acceuillante de la région. On nous indique un « box » de pilier ou attacher le bateau, les piliers sont beaucoup trop espacés pour un petit bateau mais on a quand même réussi à attacher le tout sans rien toucher. En fait on a repenser à tous nos accostages et on croit bien que depuis le début la coque n’a touché à rien d’autre que de l’eau et ses défenses, ça va plutôt bien de ce côté ! Comme il y a cinq nouveaux bateaux aujourd’hui, la ville organise un petit vin&fromage de bienvenu, il semblerait que nous sommes la première vague de bateaux qui remontent, à part quelques exeptions comme Argo qui font route terriblement vite et sont déjà rendu à New-York, on ne les reverra donc que sur la terre ferme au québec.

Jour 212 – 28 avril

Corvé d’essence au village puis départ, quoique avant de lever l’ancre je me permet de tourner en rond avec le nouveau dinghy et en étant seul à bord il atteint la fulgurante vitesse de 9 noeuds ! Bon fini les folies, on continue le trajet qui s’avère fort banal, principalement du moteur dans un long canal avant de s’ancrer dans la Alligator River dans un ancrage improvisé qui à trois pied d’eau, merci à la dérive relevable.

Jour 211 – 27 avril

Qu’est-ce qu’on fait 24 heures après avoir patcher un dinghy ? On le gonfle et le met à l’eau ! Pas de fuite et pas d’eau, c’est quasiment un crime d’avoir un pneumatique en hypalon en bon état pour 80$ (5$ de colle !), d’autant plus que les réparations que j’ai fait sont les premières de sa carrière, l’ancien propriétaire n’a pas chercher de solution trop longtemps avant de probablement acheter une coque rigide. Départ de Oriental pour se rendre à Belhaven, au mouillage il y a deux jours on avait vu un espèce de vagabond des mers qui voyage dans un canot avec un mât, toujours habillé de vêtements millitaire, bref assez étrange. Aujourd’hui on le revoit en route, essayant péniblement d’avancer avec sa voile qui est en fait un drap. Il s’avère qu’il voyage ainsi depuis Noël et semble bien heureux de progresser à 5kt, traîné en arrière de Haboob pour les 20 miles qui nous séparent de Belhaven. On a pas pu lui parler beaucoup car il devait rester dans son canot pour gérer les vagues mais le type semblait relativement saint d’esprit malgré son air de clochard...

Jour 210 – 26 avril

Reprise d’une patch d’hier que j’ai mal fait, pas évident de bien se timer avec la colle contact par un soleil de plomb et les 29 degrés qu’il fait ! Ouais, je fais ben pitié encore une fois. Ensuite j’installe une « shop de bout de quai » pour réparer le petit moteur du dinghy qui fait plein de bruit anormaux et ça peut se comprendre à voir l’état des engrenages, impeller et seal qui sont tout à changer. Depuis que j’ai commencé les travaux il y a en moyenne une personne qui vient me voir aux 30 minutes et ils sont toujours bien sympatiques, pendant que je démonte le moteur un monsieur vient voir ce que je fais et on vient à la conclusion que je devrai mettre de la graisse dans tout ça puisque l’huile n’y reste plus... Est-ce que j’ai de la graisse ? Non. Il me quitte donc pour aller en chercher chez lui ! On a bien aimé l’ambiance de ce petit village ou tout le monde est gentil.

Jour 209 – 25 avril

Lever à 8 heures pour regarder le quai aux jumelles et sauter sur la première place qui se libère. Un capitaine hier m’a dit qu’il partait à 9 heures et les autres vers midi... À 10h toujours pas d’activité, je vais donc voir et paraît-t-il que monsieur est en meeting. C’est quoi ça, le gars vient de la place et utilise le quai publique? Je tempête dans le bateau en perdant la moitié de la journée pour attendre qu’il daigne sacrer son camp de MA place ! Bon ok, la tension baisse rapidement quand on peut sortir le pneumatique de l’eau et le laisser sécher pendant qu’on va chercher de la colle et de l’hypalon... heu non pas d’hypalon finalement, le gars du Provision Store veut me vendre le tissus à 1.20$ du POUCE carré ! Quel arnaqueur, j’ai vite fait de trouver sur internet que la vraie valeure est environ 1/20e du prix demandé, alors je vais essayer du vieux tissus coupé sur une carcasse de zodiac à Beaufort, le problème est que je crois que c’est du PVC et non de l’hypalon ( Non j’ai pas ouvert le dinghy de quelqu’un d’autre, c’est paraît-t-il une source de patch depuis 10 ans !). Tout le reste de la journée est consacré à étancher le dinghy qui est finalement pas en si mauvais état, il n’y a que deux fuites et plusieurs grafignes qui elles sont réparées avec du Liquid Gasket ( Produit divin qui étanche tout ce qu’il touche... hublots, boulons,etc).

Jour 208 – 24 avril

Petite étape vers Oriental, premièrement car on ne s’y était pas arrêté pendant la descente, et deuxièmement car il est sensé y avoir un quai gratuit pour 48 heures en plus de magasins ou acheter ce que j’aurai de besoin pour remettre le nouveau dinghy en état. Sur le chemin on croise Oliver Plunkett, mais à part lui nous sommes bien seul, la majorité de la flotte québécoise doit se trouver derrière, avec quelques pressés devant. À Oriental il y a bien le quai publique mais il est plein... Petite marche au village, petit mais il y a de tout.

Jour 207 – 23 avril

Bon... cherchons un nouveau dinghy, les annonces de la marina sont vides, west marine ont des prix prohibitifs comme toujours, ebay ne sort rien de bien intéréssant, à moins d’acheter une bebelles cheap chez WalMart... quoique rendu là on croit être mieux de continuer sans en cherchant les quais publiques et prendre quelques marinas pour compenser. Pendant qu’on ère cette fois au quai à dinghy, on recroise Jay qui nous demande si l’on cherche un dinghy... heu oui, perspicace le gars. Un peu plus tard il amène la bête sur la rive, un « seaworthy » de 8.5’ qu’un catamaran a abandonné il y a plusieurs mois... la vision n’est pas très positive avec le plancher tout croche, un bord dégonflé et des barnacles partout. Mais bon, il vaut probablement les 75$ demandé et on entreprend de frotter le tout pendant quelques heures au quai gratuit que le dockmaster nous à gentillement permis d’utiliser pour toute la journée. Finalement il commence à avoir de l’allure, il est presque pas percé en plus, juste une petite perte d’air et une petite entrée d’eau ! Il y a un dieu ( ou une déesse, svp) à quelque part qui prend soin de moi, un nouveau dinghy en moins de 24 heures pour le prix d’une paire de rames! Quelle chance quand même...

Jour 206 – 22 avril

Les prévisions météo ne sont pas super, grosso-modo jusqu’à 30 noeuds de trois-quart arrière. Je sais qu’on est comfortable (c’est relatif..) par vent de 20-25 et vagues moyennes de 6 pieds, mais là c’est une coche plus haut tant en vents que vagues qui sont prévues à 9 pieds près de Beaufort. Je suppose que la seule façon de savoir si ce temps nous convient est de l’essayer... Les premières heures sont banales, le vent est encore calme, mais ensuite on se rend vite compte que la mer se gonfle rapidement, c’était prévu mais c’est tout de même un peu intimidant de se retrouver dans un nouveau « plus mauvais temps ». Plus on s’éloigne de la côte plus les vagues sont grosses et le pilote automatique à de la misère à réagir assez rapidement alors on revient en contrôle manuel, probablement que le mouvement serait plus facile à gérer avec moins de toile sous le vent mais j’ai décidé de garder la voilure de ce matin, soit le génois et la grand-voile arisée, même s’il vente maintenant à 30 noeuds. Un peu abusif j’en convient mais ça donne à Haboob un petit air de voilier de course, avec un premier planing à 8.4kt, puis Audrée prend la relève avec 9.3kt et je renchéri avec 10.4kt, mais peu après il faut cesser le petit jeu car le bateau part au lof et devient incontrôlable. Même avec seulement la grand-voile arisée on dépasse la vitesse de coque ! Plaisant ? Non pas vraiment, on est sur un plan d’eau peu familier, la porte de la toilette s’est verrouillée de l’intérieur, on se prend plein d’eau par la face dehors et c’est sans parler du fun d’enlever une voile lorsqu’elle est vraiment rendue de trop et que la drisse coince à trois reprises pendant l’affalage... En tout cas on avance et on devrait être à Beaufort un peu avant le coucher du soleil en espérant pouvoir prendre une douche et enlever tout le sel qui s’accumule. Et puis... Paf (bruit d’une corde qui cède)... Plus de dinghy en arrière, j'ai quelques fois imaginé la situation et le verdict est aussi simple que plate : il faudra l’abandonner. Malgré qu’on ne croit pas être en mesure de faire quoique ce soit on fait demi-tour pour aller voir le « Ptit gros » qui flotte, viré à l’envers... une bourrasque de vent le fait retourner à l’endroit pour nous donner un peu d’espoir mais ça ne dure pas bien longtemps avant de rechavirer. Suposant (et c’est une grosse supposition) qu’on puisse l’accrocher avec la gaffe pendant qu’il soit à l’endroit, il serait fort probablement impossible de vider l’eau qui le rempli, le danger de tenter la manoeuvre pencher sur le côté du voilier serait certain par contre.... Adieu dinghy, tu nous à bien servi mais aujourd’hui c’est un peu trop pour tout le monde. On entre donc dans l’inlet seul, ici le fond remonte et la vague se gonfle une dernière fois avant de nous laisser un chemin relativement calme vers Beaufort et ses douches. Par chance il y a un quai gratuit (max 30 minutes) mais le bureau de la marina est fermé, on ère sur le quai en espérant voir quelqu’un qui pourrait nous dire le code des douches. Désespéré et sur le point de rentrer, on voit un type, Jay, qui sort des douches et nous sauve la soirée. On a jamais été aussi salés, les vêtements sont couverts de blanc et mes sourcils soupoudre du sel en les touchants. Une belle fin pour cette journée qui est sans contredit la plus mauvaise du voyage.

Jour 205 – 21 avril

Relax, la prochaine étape sera de faire douze heures par la mer pour rejoindre Beaufort et je n’avais pas envie de me lever à 6h ce matin, ça fait quand même 7 jours que l’on avance sans arrêt... Le village n’est pas plus grand qu’hier alors lecture, repos et suivi météo en vue de partir demain.

Jour 204 – 20 avril

Trajet par l’intracostal obligé, on se souvient très bien de notre passage au Cape Fear, le mal de mer et les trois heures de détour et on ne m’y reverra plus à moins d’avoir une mer d’huile. On se rend à Wrightville qui pour faire changement n’est pas un village de pêcheurs mais de surfeurs. On a vite fait le tour et il n’y a pas grand chose à part des boutiques de surf et la plage. En marchant vers Wilmington pour trouver une épicerie on s’est fait offrir un lift en auto d’une femme croisée sur le trottoir (refusée, car de toute façon on était plus bien loin) puis au retour avec les sacs remplis, un jeune nous offre également de nous ramener au mouillage, vraiment très sympatique par ici ! (au fait la deuxième offre a été rapidement acceptée!)

Jour 203 – 19 avril

Un peu d’intracostal pour rejoindre Little River Inlet qui est non cartographié (Tow Boat U.S. nous ont dit par radio que l’inlet est bien indiqué et profond, et c’est le cas !) et faire un petit saut par la mer de 25 miles et rejoindre Southport. On espérait trouver ici une ville mais on a encore droit à un petit village de pêcheurs, sauf qu’il n’y a pratiquement pas d’espace ou ancrer, le bassin est vraiment minuscule et l’ancre n’y tient pas. Heureusement le restaurant Provision Company offrent aux bateaux un quai pour la nuit à condition d’y prendre un repas, pas cher et on y mange bien alors c’est une situation gagnante pour tout le monde. Enfin presque... les bateaux de pêche passent à la demi-heure une bonne partie de la nuit et on cogne contre le quai, puis au lever du soleil ce sont les oiseaux qui crient à rendre tout sommeil impossible...

Jour 202 – 18 avril


Ça pue !! Il y a une usine d’acier juste de l’autre côté de la ville et quand le vent vient de là, bien Georgetown sens les oeufs pourris, après une courte visite dans le vieux quartier on n’a d’autre choix que de quitter cette odeure à laquelle on ne s’habitue pas. De midi à 20h on fait un bon bout de chemin avec l’aide du courant dans la Waccamaw River pour se rendre à Barefoot Landing, la rivière est sinueuse et en plein coeur de la forêt ce qui est bien plus plaisant que d’habitude dans l’intracostal. Rendu à destination tant le guide de l’intracostal que Skipper Bob indiquent qu’il y a un quai publique mais les choses ont changées et c’est maintenant une marina... En tout cas le petit quartier touristique est sympatique mais ressemble a tous les autres qui offrent les même cossins de touristes à vendre, mais c’est bien pour se dégourdir les jambes.

Jour 201 – 17 avril

Il fait un peu froid depuis quelques jours, 8 degrés ce matin...mais bon, comme on a passer outre le dernier hiver québécois, je ne m’attends pas à trop de pitiée de la part de mes compatriotes qui marchent présentement dans la slush. Direction Georgetown, notre but pendant la remontée sera de découvrir les villes&villages que nous avons passé à côté lors de la descente. On arrive à notre destination en fin d’après-midi et sommes un peu déçus, on a envie de voir une vrai ville, avec magasins et cinéma, mais on a encore droit à un petit village de pêcheurs... cute mais vide. En plus le fond est vraiment bouetteux ici, l’ancre s’y enfonce mais ne tient pas, ça aura pris quatre tentatives pour avoir un peu de retenue.

Jour 200 – 16 avril

200 jours déjà, ça paraissait énorme durant les préparatifs mais aujourd’hui force est d’admettre qu’ils ont passés bien vite. Malgré qu’il reste un gros mois de voyage, l’ambiance n’est plus la même. Les ‘objectifs’ ont été accomplis, il ne reste plus qu’à retourner au point de départ, le trajet est déjà connu et les découvertes risquent d’être plus éparpillées. Nous sommes maintenant bien à l’aise avec le bateau et il serait tentant de continuer plus longtemps mais il faut bien mettre un terme à ce projet afin d’en commencer d’autres...En tout cas, on va prendre le dernier mois au jour le jour, ce qui pour l’instant veut dire de faire quelques miles jusqu’à Charleston pour aller faire le plein d’essence à la station tout près et prendre une douche à la marina, puis repartir faire un autre bout de chemin face au vent pendant quelques heures. On s’arrête au milieu de nul part car l’ordinateur a capté un réseau internet venant d’une rare maison de campagne que l’on croise.